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Catégorie : Get inspired

Dessinez un arbre… sauf un sapin

« S’il-te-plaît… dessine-moi un mouton. »  Cette célèbre phrase de Saint-Exupéry dans son livre Le Petit Prince illustre avec brio les concepts de représentation, d’imaginaire et de différenciation perceptuelle mais ce n’est pas là que nous irons avec le test de l’arbre et son application appliquée au coaching.

Un bref retour aux sources

Le test de l’arbre tel que conçu par le psychologue suisse Charles Koch en 1952 est un test projectif applicable tant aux enfants qu’aux adultes qui consiste à observer l’expression des traits de personnalité d’un individu à travers son dessin.  Chaque élément de l’arbre (feuillage, tronc, racine) aurait une signification et son expression graphique exprimerait les échanges du sujet avec son milieu, d’éventuels traumatismes ou encore sa sensibilité. La consigne initiale de Koch était simple : « Dessinez un arbre, n’importe lequel, comme vous voulez, mais pas un sapin. », l’exclusion du sapin étant due aux pointes qu’il comporte et à l’expression particulièrement stéréotypée de cette variété dans notre culture.  Plus tard, la consigne devint « Voulez-vous dessiner un arbre fruitier, aussi bien que vous pouvez ».

La variante développée par Renée Stora requiert quant à elle le dessin de quatre arbres.  Après le dessin d’un premier arbre – correspondant à une contrainte nouvelle dans un cadre nouveau, tel le cadre scolaire ou professionnel – vient celui d’un autre arbre, obligatoirement différent, correspondant lui à une contrainte connue mais requérant obéissance ou adaptation et induisant relâchement, tel le cadre familial.  Vient ensuite le dessin d’un arbre de rêve ou arbre imaginaire symbolisant les projets ou les attentes et, enfin, le dessin d’un quatrième arbre en ayant les yeux fermés, indiquant le poids du vécu dans la période de l’enfance et qui exerce encore une influence sur le comportement actuel.

Dans tous les cas, l’analyse du ou des dessins, complétée par l’entretien avec celui qui les a exécutés, se base sur des données statistiques, graphologiques ainsi que sur la symbolique spatiale.

L’adaptation au coaching

Le dessin d’un arbre tel que je le conçois ici dans le cadre du coaching est bien différent car le coaché est un client, pas un patient.  Le dessin d’un arbre est donc bel et bien un outil et pas un test. Il est là pour récolter des informations qui serviront de base à une discussion, pas pour diagnostiquer.

Tout dessin introduit une dynamique nouvelle dans le dialogue. Il fait passer à l’action, permettant d’arrêter d’intellectualiser, de ne pas chercher sans fin les termes qui exprimeront un ressenti confus.  Il ouvre plus facilement la porte à l’imaginaire. Il dit ce que les mots ne disent pas. Il laisse davantage de place à l’enfant. Quant à l’arbre, de par sa verticalité, de par le lien qu’il établit entre le ciel et la terre, entre le visible et l’invisible, il est l’archétype universel, symbole de vie, de longévité, de croissance. C’est aussi la plus haute construction biologique.  Pour Jung, l’arbre est un moyen pour tous de pouvoir exprimer l’inexprimable.  Ainsi, le dessin de façon générale mais surtout le dessin d’un arbre est une véritable mine d’or à ciel ouvert que coach et coaché exploitent ensemble.

Dans quelles situations le dessin de l’arbre est-il approprié ? En fait, elles sont nombreuses et variées. Proposer de dessiner un arbre, c’est donner la possibilité d’exprimer la relation avec le corps, son équilibre, sa force, ses éventuelles faiblesses, son état de santé (Figure 1).  

Fig. 1 – Représentation de l’état de santé

Suggérer de dessiner avec des crayons de couleurs un arbre puis le plus bel arbre possible, c’est laisser exprimer les rêves. Pour le coaché, dessiner un projet professionnel sous forme d’arbre (Figure 2) c’est exprimer les ramifications et l’organisation de sa carrière, l’importance accordée à chaque possibilité. Dessiner son entreprise sous forme d’arbre, et pourquoi pas y ajouter la cabane dans laquelle on aimerait vivre, ou la branche sur laquelle on aimerait s’asseoir, pourra faire sortir de l’ombre un éventuel mal-être et comprendre ses propres ambitions.  A l’extrême, dessiner une forêt permet d’évoquer métaphoriquement l’environnement social, à savoir la famille, les amis, les collègues et la place occupée parmi eux.

Fig. 2 – Représentation d’un projet professionnel

L’on peut également jouer avec la dimension temporelle. Proposer au coaché de dessiner un premier arbre figurant son état actuel, puis de faire un second dessin où l’arbre serait tel qu’il voudrait être dans cinq ou dix années, c’est ainsi donner au coaché une occasion de visualiser et de matérialiser son propre objectif, au moins de façon symbolique.  Suggérer de faire en début de programme de coaching son autoportrait sous forme d’arbre et de refaire le même exercice quelques semaines ou mois après, c’est alors rendre autrement perceptible un changement, une croissance, un équilibre ou un bien-être acquis.  L’arbre devient alors un indicateur de l’impact du coaching.

En conclusion

Sans protocole strict, en pleine authenticité et simplicité, les applications du dessin en général et du dessin de l’arbre en particulier sont donc infinies, les seules limites étant – peut-être – l’intuition ou l’imagination du coach et la spontanéité du coaché.  L’opportunité de dialoguer que cet exercice donne à l’un et à l’autre  renforce aussi l’une des finalités du coaching: la co-construction.

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Insight #4

Camille de TAEYE, insight, coaching, confiance, self-confidence
Camille de TAEYE – Flowers and Apples, 1981 – Pastel on canvas, 100 x 100 cm

 

“Au milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été.”

“In the depth of winter, I finally learned that within me there lay an invincible Summer.”

― Albert Camus

 

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Cinq clés pour une serrure

Cedric-Lefebvre-insight-coaching, serrure

Il arrive de se sentir complètement bloqué, perdu, désarmé face à une situation.  Trop de réunions à organiser, trop d’emails à lire, trop de tâches à accomplir et seulement 24 heures dans une journée. Aller de l’avant semble une tâche insurmontable, le choix de la première action à entreprendre impossible, l’objectif inatteignable. Que faire, par où commencer ? Ne pas progresser accroît la frustration et la situation empire.

Il existe un set de cinq questions simples qui peuvent aider à clarifier, prioriser et dynamiser :

1. Que pourriez-vous cesser de faire?

2. Que pourriez-vous faire en moins?

3. Que pourriez-vous faire en plus?

4. Que pourriez-vous continuer de faire? 

5. Que pourriez-vous commencer à faire?

Ces questions – parfaitement adaptées au cadre du coaching ou d’une réflexion avec soi-même si l’on remplace les vous par des je – ont pour but de générer un maximum d’idées comme lors d’un brainstorming.  Et de la même façon que ce n’est pas lors du brainstorming que l’on trie les idées mais bien après, de façon à ne pas interrompre le flux créatif, l’objectif de ces questions n’est pas de trouver la solution mais de générer des idées, des pistes et donc des solutions potentielles, à utiliser seules ou combinées, telles quelles ou développées, adaptée, peaufinées.

Ouvrir le champ des possibles, trier puis progresser.  Expérimenter et avancer, seul ou accompagné d’un coach.

 

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Insight #3

rene magritte, miroir, reproduction interdite, mirrors
René MAGRITTE – La Reproduction interdite, 1937 – Huile sur toile, 79 x 65 cm.

 

« What does a mirror look at? »

« Que regarde un miroir? »

― Frank Herbert

 

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De l’admiration à l’incarnation

Quand il ne s’agit pas d’orgueil

Souvent assimilé à l’hybris des Grecs anciens ou au péché d’orgueil tel que le nomme le christianisme, la mise en avant de nos propres atouts n’est pas encouragée par la société. Que du contraire.  A tord ou à raison, il en résulte que dès la plus tendre enfance, la méconnaissance – voire la non-reconnaissance ou le déni – de ses propres qualités s’en trouve renforcée, avec pour corollaire le manque de confiance en soi et la difficulté à s’épanouir.

Dans un monde où la compétitivité est une réalité, identifier forces, talents ou différenciateurs positifs stimule la prise de confiance en soi et contribue à trouver ou retrouver une place légitime dans l’espace social, un espace où évoluer en étant suffisamment à l’aise pour échanger d’égal à égal avec ses pairs.

Un outil de coaching

Il existe bon nombre de techniques allant dans ce sens comme celle-ci, pouvant être utilisée soit lors d’une session de coaching soit en tant que plan d’action entre plusieurs sessions : le « Role Model » que l’on pourrait simplement traduire par modèle ou encore exemple à suivre.

Il s’agit tout d’abord pour le coaché de trouver deux ou trois personnes qu’il admire tout particulièrement.  Ici, par « personnes », j’entends tout individu réel ou imaginaire, connu personnellement ou au travers des médias.  Peu importe que les raisons de cette admiration soient fondées ou non, ce qui compte c’est que le coaché soit à même de verbaliser les raisons ou plutôt les composants de sa profonde admiration.  Que fait-il que cette personne soit tant estimée ?

Une fois les composants de l’admiration identifiés – tous role models confondus – le coaché les répartit en deux catégories: ceux qu’il estime déjà posséder relativement bien (disons entre 50 et 100% par rapport au role model) et ceux qu’il croit ne pas vraiment ou pas du tout posséder lui-même (de 0 à 49%).  Travailler avec une échelle ou des pourcentages n’est pas indispensable mais peut aider à trancher.

De l’observation à l’appropriation

L’étape suivante est de trouver à la fois ce sur quoi capitaliser et ce qu’il est possible de développer car n’oublions pas que ce que nous admirons chez les autres est bien souvent déjà en nous sans que nous en ayons conscience.

Se développe alors une double dynamique:

  • Tout d’abord, en travaillant sur les caractéristiques déjà possédées, c’est-à-dire en les faisant illustrer par plusieurs exemples concrets, étape où se construisent ou se renforcent les fondations d’une meilleure estime de soi.
  • Ensuite, dans l’éventail des caractéristiques non encore possédées, en déterminant celles qu’il est désirable de posséder ou développer… tout en gardant à l’esprit qu’une caractéristique enviée peut cacher un besoin latent.  Admirer quelqu’un pour ses victoires sportives peut traduire un profond respect pour une ténacité de caractère ou exprimer le besoin de reconnaissance… et donc d’amour. L’écoute du dit et du non-dit permettent alors de déceler les portes les plus judicieuses à ouvrir.

De l’appropriation à l’action

Vient alors l’étape de génération d’idées quant aux différentes manières dont pourraient se vivre ces caractéristiques.  Actes insignifiants ou ambitieux, attitudes ou rituels, c’est avant tout la quantité qui compte, le tri se faisant naturellement par la suite.  Comment agir pour ressembler davantage à ce modèle?  Que mettre en place?  Que cesser de faire? Que faire différemment?

Le plan d’action qui s’ensuit est alors très simple : choisir la première de ces actions à implémenter dans la vie quotidienne, puis une deuxième, une troisième et ainsi de suite selon un programme induisant une spirale positive et faisant passer de l’admiration à l’incarnation.

L’objectif de l’exercice ici décrit est bien l’appropriation ou la révélation de caractéristiques et non pas l’identification à autrui.  Ce que l’on cherche c’est l’incarnation de traits de personnalité comme une étape de développement sans être une fin en soi car l’épanouissement de la personnalité passe nécessairement par l’acceptation et l’appréciation de sa propre unicité.

En résumé:

  1. Identifier trois role models
  2. Identifier les composants de l’admiration
  3. Classer ces composants en deux catégories : possédés et non possédés personnellement
  4. Déterminer parmi les composants non possédés ceux qu’il est réaliste de développer, et en choisir au moins un sur lequel se focaliser
  5. Identifier les façons dont ce composant pourrait être vécu au quotidien
  6. Etablir le plan d’action et faire le bilan lors de la séance de coaching suivante
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Insight #2

introspection
photo © cedric lefebvre


« Le problème avec l’introspection c’est qu’elle n’a pas de fin. »

« The problem with introspection is that it has no end. »

― Philip K. Dick, The Transmigration of Timothy Archer

 

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Power Posing : Tiny tweaks can lead to big changes

Video in English, sous-titres français.

Voici un brillant exposé par Amy Cuddy, socio-psychologue, Associate Professor of Business Administration at Harvard Business School.  Ses recherches ont mis en évidence en 2010 que les expressions non-verbales évoquant la puissance (le « Power Posing« ) influeraient sur les sensations, le comportement ainsi que le taux d’hormones de ceux qui les adoptent.  En effet, adopter des postures liées à la puissance ou au pouvoir, ne serait-ce que deux minutes, stimulerait la production de testostérone, diminuerait celle de cortisol, augmenterait la propension au risque et induirait de meilleures performances lors des entretiens professionnels.

Des études plus récentes sur le même sujet et publiées dans Psychological Science en 2014 n’ont pas obtenus des résultats aussi significatifs mais des différences méthodologiques pourraient expliquer certaines divergences.

Cela dit, aussi infime soit-il et compte tenu du peu de temps qu’il requiert, l’impact de ce genre d’exercice ne peut être que profitable à ceux qui souhaitent par exemple développer leur confiance en soi ou, plus pragmatiquement, se préparer à une réunion critique.

 

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Insight #1

Jung, self, freedom, identity
photo © cedric lefebvre

 

“Le privilège d’une vie est de devenir qui vous êtes vraiment.”

“The privilege of a lifetime is to become who you truly are.”

― Carl Gustav Jung

 

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« Patience, mon cœur ! »

cedric lefebvre, insight, coaching, bruxelles, brussels, art, patience

Un concept universel

Intuition, sixième sens, fingerspitzengefühl ou encore intelligence intuitive, peu importe les termes utilisés, cette boussole interne que l’on étudie aujourd’hui sous l’angle des neurosciences est sans doute notre meilleur allié. De même, le coaching est l’occasion de développer ce mode de connaissance.

Définie comme étant la capacité « à percevoir des éléments contextuels et à les agencer de manière adaptative pour trouver une solution nouvelle dans un programme préétabli ou dans une situation répétitive » [Roland Jouvent, professeur de psychiatrie et directeur du centre Émotion du CNRS à la Salpêtrière, à Paris et auteur du Cerveau magicien (Ed. Odile Jacob 2002)], la reconnaissance de l’intuition est le fruit logique de la longue évolution entamée par les courants littéraires, psychologiques, psychanalytiques et philosophiques au cours des siècles passés.  Ceux-ci nous sont plus ou moins familiers, nul besoin de développer les différentes théories – parfois contradictoires – illustrant l’évolution du dialogue intérieur et son étude.  Cela dit, tout comme la lecture répétée d’un texte que l’on a rédigé soi-même nous empêche d’y trouver des erreurs, il se fait que souvent une absolue évidence s’impose à nous au point que l’on oublie de s’interroger quant à ses origines premières.

Quand tout remonte à l’Antiquité…

Il faut savoir que ce dialogue intérieur, cette capacité que l’homme a à s’interroger, le fondement-même de la psychologie, remonte à bien avant Freud, avant les romantiques, avant les premiers courants humanistes.  Dans un brillant ouvrage* examinant l’héritage littéraire reçu de la Grèce antique, Jacqueline de Romilly revisite historiens, tragédiens et philosophes pour illustrer une évolution lente et capricieuse et, surtout, pour pointer l’auteur, l’ouvrage, le passage, les mots qui semblent être le premier témoignage écrit d’une tension consciente entre raison et passion, vue de l’intérieur, sans intervention divine : « Patience mon cœur !»**, tels sont les mots selon l’Odyssée d’Homère que se dit Ulysse en son palais au retour d’un périple de dix années, tempérant son désir de vengeance.  Si nous sommes là très loin du concept d’intuition, nous sommes néanmoins en présence du premier témoignage d’un homme face à lui-même et l’exprimant comme tel. C’est ici l’aventure intérieure, le conflit entre la passion et le moi, la distanciation par rapport à l’émotion préalable à l’acte, exprimées noir sur blanc.

Certes, nous ne savons pas si Homère a réellement existé ou s’il est une identité construite mais il n’en demeure pas moins que voici plus de deux mille cinq cents ans, un poète initia ce qui est peut-être la plus belle aventure de l’humanité.

* DE ROMILLY, Jacqueline. « Patience, mon cœur » : l’essor de la psychologie dans la littérature grecque classique, Belles-Lettres, 1984 ; Plon, Agora, 1994
** HOMERE, Odyssée, chant XX, [Texte complet]

 

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