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Catégorie : En français

De l’admiration à l’incarnation

Quand il ne s’agit pas d’orgueil

Souvent assimilé à l’hybris des Grecs anciens ou au péché d’orgueil tel que le nomme le christianisme, la mise en avant de nos propres atouts n’est pas encouragée par la société. Que du contraire.  A tord ou à raison, il en résulte que dès la plus tendre enfance, la méconnaissance – voire la non-reconnaissance ou le déni – de ses propres qualités s’en trouve renforcée, avec pour corollaire le manque de confiance en soi et la difficulté à s’épanouir.

Dans un monde où la compétitivité est une réalité, identifier forces, talents ou différenciateurs positifs stimule la prise de confiance en soi et contribue à trouver ou retrouver une place légitime dans l’espace social, un espace où évoluer en étant suffisamment à l’aise pour échanger d’égal à égal avec ses pairs.

Un outil de coaching

Il existe bon nombre de techniques allant dans ce sens comme celle-ci, pouvant être utilisée soit lors d’une session de coaching soit en tant que plan d’action entre plusieurs sessions : le « Role Model » que l’on pourrait simplement traduire par modèle ou encore exemple à suivre.

Il s’agit tout d’abord pour le coaché de trouver deux ou trois personnes qu’il admire tout particulièrement.  Ici, par « personnes », j’entends tout individu réel ou imaginaire, connu personnellement ou au travers des médias.  Peu importe que les raisons de cette admiration soient fondées ou non, ce qui compte c’est que le coaché soit à même de verbaliser les raisons ou plutôt les composants de sa profonde admiration.  Que fait-il que cette personne soit tant estimée ?

Une fois les composants de l’admiration identifiés – tous role models confondus – le coaché les répartit en deux catégories: ceux qu’il estime déjà posséder relativement bien (disons entre 50 et 100% par rapport au role model) et ceux qu’il croit ne pas vraiment ou pas du tout posséder lui-même (de 0 à 49%).  Travailler avec une échelle ou des pourcentages n’est pas indispensable mais peut aider à trancher.

De l’observation à l’appropriation

L’étape suivante est de trouver à la fois ce sur quoi capitaliser et ce qu’il est possible de développer car n’oublions pas que ce que nous admirons chez les autres est bien souvent déjà en nous sans que nous en ayons conscience.

Se développe alors une double dynamique:

  • Tout d’abord, en travaillant sur les caractéristiques déjà possédées, c’est-à-dire en les faisant illustrer par plusieurs exemples concrets, étape où se construisent ou se renforcent les fondations d’une meilleure estime de soi.
  • Ensuite, dans l’éventail des caractéristiques non encore possédées, en déterminant celles qu’il est désirable de posséder ou développer… tout en gardant à l’esprit qu’une caractéristique enviée peut cacher un besoin latent.  Admirer quelqu’un pour ses victoires sportives peut traduire un profond respect pour une ténacité de caractère ou exprimer le besoin de reconnaissance… et donc d’amour. L’écoute du dit et du non-dit permettent alors de déceler les portes les plus judicieuses à ouvrir.

De l’appropriation à l’action

Vient alors l’étape de génération d’idées quant aux différentes manières dont pourraient se vivre ces caractéristiques.  Actes insignifiants ou ambitieux, attitudes ou rituels, c’est avant tout la quantité qui compte, le tri se faisant naturellement par la suite.  Comment agir pour ressembler davantage à ce modèle?  Que mettre en place?  Que cesser de faire? Que faire différemment?

Le plan d’action qui s’ensuit est alors très simple : choisir la première de ces actions à implémenter dans la vie quotidienne, puis une deuxième, une troisième et ainsi de suite selon un programme induisant une spirale positive et faisant passer de l’admiration à l’incarnation.

L’objectif de l’exercice ici décrit est bien l’appropriation ou la révélation de caractéristiques et non pas l’identification à autrui.  Ce que l’on cherche c’est l’incarnation de traits de personnalité comme une étape de développement sans être une fin en soi car l’épanouissement de la personnalité passe nécessairement par l’acceptation et l’appréciation de sa propre unicité.

En résumé:

  1. Identifier trois role models
  2. Identifier les composants de l’admiration
  3. Classer ces composants en deux catégories : possédés et non possédés personnellement
  4. Déterminer parmi les composants non possédés ceux qu’il est réaliste de développer, et en choisir au moins un sur lequel se focaliser
  5. Identifier les façons dont ce composant pourrait être vécu au quotidien
  6. Etablir le plan d’action et faire le bilan lors de la séance de coaching suivante
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Insight #2

introspection
photo © cedric lefebvre


« Le problème avec l’introspection c’est qu’elle n’a pas de fin. »

« The problem with introspection is that it has no end. »

― Philip K. Dick, The Transmigration of Timothy Archer

 

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Power Posing : Tiny tweaks can lead to big changes

Video in English, sous-titres français.

Voici un brillant exposé par Amy Cuddy, socio-psychologue, Associate Professor of Business Administration at Harvard Business School.  Ses recherches ont mis en évidence en 2010 que les expressions non-verbales évoquant la puissance (le « Power Posing« ) influeraient sur les sensations, le comportement ainsi que le taux d’hormones de ceux qui les adoptent.  En effet, adopter des postures liées à la puissance ou au pouvoir, ne serait-ce que deux minutes, stimulerait la production de testostérone, diminuerait celle de cortisol, augmenterait la propension au risque et induirait de meilleures performances lors des entretiens professionnels.

Des études plus récentes sur le même sujet et publiées dans Psychological Science en 2014 n’ont pas obtenus des résultats aussi significatifs mais des différences méthodologiques pourraient expliquer certaines divergences.

Cela dit, aussi infime soit-il et compte tenu du peu de temps qu’il requiert, l’impact de ce genre d’exercice ne peut être que profitable à ceux qui souhaitent par exemple développer leur confiance en soi ou, plus pragmatiquement, se préparer à une réunion critique.

 

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Insight #1

Jung, self, freedom, identity
photo © cedric lefebvre

 

“Le privilège d’une vie est de devenir qui vous êtes vraiment.”

“The privilege of a lifetime is to become who you truly are.”

― Carl Gustav Jung

 

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« Patience, mon cœur ! »

cedric lefebvre, insight, coaching, bruxelles, brussels, art, patience

Un concept universel

Intuition, sixième sens, fingerspitzengefühl ou encore intelligence intuitive, peu importe les termes utilisés, cette boussole interne que l’on étudie aujourd’hui sous l’angle des neurosciences est sans doute notre meilleur allié. De même, le coaching est l’occasion de développer ce mode de connaissance.

Définie comme étant la capacité « à percevoir des éléments contextuels et à les agencer de manière adaptative pour trouver une solution nouvelle dans un programme préétabli ou dans une situation répétitive » [Roland Jouvent, professeur de psychiatrie et directeur du centre Émotion du CNRS à la Salpêtrière, à Paris et auteur du Cerveau magicien (Ed. Odile Jacob 2002)], la reconnaissance de l’intuition est le fruit logique de la longue évolution entamée par les courants littéraires, psychologiques, psychanalytiques et philosophiques au cours des siècles passés.  Ceux-ci nous sont plus ou moins familiers, nul besoin de développer les différentes théories – parfois contradictoires – illustrant l’évolution du dialogue intérieur et son étude.  Cela dit, tout comme la lecture répétée d’un texte que l’on a rédigé soi-même nous empêche d’y trouver des erreurs, il se fait que souvent une absolue évidence s’impose à nous au point que l’on oublie de s’interroger quant à ses origines premières.

Quand tout remonte à l’Antiquité…

Il faut savoir que ce dialogue intérieur, cette capacité que l’homme a à s’interroger, le fondement-même de la psychologie, remonte à bien avant Freud, avant les romantiques, avant les premiers courants humanistes.  Dans un brillant ouvrage* examinant l’héritage littéraire reçu de la Grèce antique, Jacqueline de Romilly revisite historiens, tragédiens et philosophes pour illustrer une évolution lente et capricieuse et, surtout, pour pointer l’auteur, l’ouvrage, le passage, les mots qui semblent être le premier témoignage écrit d’une tension consciente entre raison et passion, vue de l’intérieur, sans intervention divine : « Patience mon cœur !»**, tels sont les mots selon l’Odyssée d’Homère que se dit Ulysse en son palais au retour d’un périple de dix années, tempérant son désir de vengeance.  Si nous sommes là très loin du concept d’intuition, nous sommes néanmoins en présence du premier témoignage d’un homme face à lui-même et l’exprimant comme tel. C’est ici l’aventure intérieure, le conflit entre la passion et le moi, la distanciation par rapport à l’émotion préalable à l’acte, exprimées noir sur blanc.

Certes, nous ne savons pas si Homère a réellement existé ou s’il est une identité construite mais il n’en demeure pas moins que voici plus de deux mille cinq cents ans, un poète initia ce qui est peut-être la plus belle aventure de l’humanité.

* DE ROMILLY, Jacqueline. « Patience, mon cœur » : l’essor de la psychologie dans la littérature grecque classique, Belles-Lettres, 1984 ; Plon, Agora, 1994
** HOMERE, Odyssée, chant XX, [Texte complet]

 

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