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Étiquette : 360

Utilisez-vous vos forces ?

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La Terre, 1566, collection privée, Autriche

Quand Arcimboldo peint en 1566 ses allégories des quatre éléments et celle de la terre en particulier, entremêlant des dizaines de corps d’animaux ou d’objets pour composer des visages de profil, peut-être voulut-il nous dire – au-delà du plaisir surréaliste qu’il nous donnait – que l’identification de nos forces, leur alchimie particulière et leur savante imbrication révèlent ce en quoi nous sommes des êtres uniques.  Et que c’est sur cette unicité faite de diversité qu’il nous faut jouer avec, certes, la passion en filigrane.

Passion sans raison…

Martha Graham dit un jour « Great dancers are not great because of their technique, they are great because of their passion ». J’en suis profondément convaincu. La passion permet de se transcender, de se dépasser, d’aller au-delà de ses propres limites. La passion est l’ultime ingrédient, celui sur lequel nous n’avons aucun contrôle et qui, pourtant, nous insuffle une énergie incommensurable et nécessaire. Justement dosée, c’est un combustible inépuisable, durable, écologique et équitable. La passion permet de vivre plutôt que de survivre. Intégrée à l’activité professionnelle, elle résout le conflictuel souci d’équilibre avec la vie privée par la dynamique d’une intégration harmonieuse.

Et pourtant, force nous est de constater que la passion seule ne suffit pas.  Le rêve peut se révéler un Graal inaccessible. La volonté de se dépasser, de vivre sa passion au point de rejeter toute activité ne lui étant pas associée de près ou de loin peut engendrer une utopie, a fortiori dans un monde où la concurrence prend le pas sur la bienveillance. Et lorsque certains prônent le fait que travail, énergie et assiduité mènent à tout, j’ajouterai que le risque qu’ils mènent aussi à la déception est grand s’ils ne s’accompagnent pas de lucidité, d’honnêteté et d’un tant soit peu d’à propos. Pour reprendre les propos de Martha Graham, si c’est la passion qui fait un grand danseur, celui-ci ne peut faire fi de la technique, certes fruit du travail mais aussi du talent.

De fait, quelle que soit la passion, qu’elle remonte à l’enfance où soit révélée de façon fortuite à l’âge adulte, c’est en la faisant reposer sur nos forces propres qu’il devient alors véritablement possible de se dépasser et donc de grandir. Ces forces qui constituent notre identité, qui sont part intégrante de notre essence et qui entre deux individus peuvent faire la différence.

Comment découvrir ses forces ?

Une étude de Strategy&from menée en 2013 auprès de plusieurs centaines de cadres de divers secteurs d’activité a montré que les entreprises trouvent plus difficiles de définir leurs forces que de comprendre leurs clients. Alors, comment en tant qu’individus pouvons-nous identifier nos propres forces ou comment le coach peut-il aider son client à identifier celles-ci? Comment trouver ce qui permettra d’incorporer la passion dans l’expression de son propre leadership? Comment veiller à ce que la passion puisse être intégrée de façon réaliste et efficace dans le développement? Plus simplement, quels sont les outils à disposition?

En fait, il n’y a pas d’outil parfait ou de recette miracle et nous avons même l’embarras du choix. En effet, plusieurs approches sont possibles et celles-ci peuvent être combinées dans une démarche triangulaire, faisant écho à l’antique maxime « Connais-toi toi-même« .

  1. L’approche-miroir
    Simple application du principe d’introspection, elle requiert honnêteté, réflexion, courage aussi et surtout l’intention de ne pas se laisser dompter par son ego. Analyse des succès passés comme des échecs et de la façon dont ceux-ci ont été surmontés, écho de notre vie passée, elle prend du temps pour distinguer ce que nous savons de ce que nous voulons croire, pour accepter ce que notre voix intérieure nous dit, peut-être en dissonance avec ce que nous voulons entendre. Faite seule ou accompagnée, extrêmement enrichissante, elle peut être l’amorce d’une belle exploration mais présente aussi la difficulté de nous rendre juge et partie car nous savons trop bien que nous resterons sourds à ce que nous ne voulons pas entendre si c’est nous-mêmes qui tenons le discours. L’introspection est un jeu enrichissant si nous en respectons les règles, règles que nul autre que nous ne pourra définir.
     
  2. Le feed-back, formel ou non
    Dans une optique diamétralement opposée, nous pouvons chercher nos forces au travers de ce qu’en perçoivent les autres. Là, nous trouvons l’arsenal habituellement utilisé en milieu professionnel: des évaluations annuelles aux réunions moins formelles, en passant par les mid-year reviews. Plus structurés nous avons également les 360° formalisés par les entreprises (ou informels à mener soi-même) et qui donnent une vue d’ensemble plus complète puisque – comme leur nom l’indique – ce type de feedback renvoie une image d’une subjectivité excentrée, circulaire (N+1, pairs, subordonnés, proches) et forcément différente de ce que l’individu aura de lui-même.  La subjectivité-même de ce type d’approche représente son intérêt – que les feed-back soient formulés dans un registre professionnel ou privé – mais reflète en même temps sa faiblesse intrinsèque car les forces mises en évidence seront cette fois le miroir des faiblesses des autres. De plus, même si le feed-back repose nécessairement sur un climat de confiance, il ne garantit en rien l’exhaustivité du bilan, aussi instructif puisse-t-il être.
     
  3. Les tests
    Le test (du latin testis, témoin) est un instrument, un outil calibré, validé, permettant de dresser un bilan sur une question donnée.  Plusieurs tests ont été développés pour déterminer les forces d’un individu et certains de ces tests sont entrés dans le domaine public et sont libres d’accès, comme le VIA Survey of Character Strengths développé par l’Université de Pennsylvanie ou celui développé par l’Université de Kent. L’un comprend 240 questions dans sa version exhaustive et l’autre seulement 52 mais tous deux sont dans la mouvance de la psychologie positive qui prône que nous avons tous des forces avec lesquelles nous sommes nés mais que peu d’entre nous savent lesquelles.  L’avantage du test c’est qu’il peut – comme le feed-back – renvoyer un écho auquel on ne s’attend pas.

En conclusion

Passion sans raison et raison sans passion sont deux écueils à éviter. Si l’une permet de s’accomplir, l’autre ancre dans la réalité, toutes deux se nourrissant mutuellement. Toutes deux peuvent être (re-)découvertes, explorées, revisitées au travers de techniques variées. C’est particulièrement vrai pour nos forces, échappant souvent à notre conscience de par ce que nous prenons pour de la banalité, négligeant par la même occasion ce qui devrait s’imposer à nous comme une évidence.

Aussi, gardons à l’esprit que nous sommes des voyageurs: le coaching est la boussole, la passion indique la direction, la raison montre le chemin.

 

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Beyond 360°

360°

The 360-degree feedback – or multi-source assessment – is often used by corporations to plan and map specific paths in leaders’ development as they provide them with empirical data highlighting strengths and weaknesses (or ‘areas for improvement’).

If it dates back to the 1950s, it is even more relevant today as we realise that effective leaders need to have a positive self-awareness but also an appropriate dose of humility, knowing what they are good at, acknowledging they are not great at everything, and realising they can improve, too.

Zenger Folkman have defined a list of 11 components characterising a best-in-class 360° assessment. Some of those really caught my attention:

  • Use response scale like “Outstanding Strength, Strength, Competent, Needs Some Improvement, or Needs Significant Improvement” that avoids a false positive. Indeed, classical scales going from « Strongly agree » to « Strongly disagree » often let average performers believe they do well when items such as « Innovates », « Takes initiatives » or « Champions change » are rated « Agree » while they are just OK… and OK being not enough.
  • Compare scores to a high standard and not to the average of respondents, as leaders who are the best performers make an enormous difference in the performance of the company. This induces what I call the « look up » attitude.
  • Identify the most important competencies, especially if the survey includes many items to rate. This will help people define priorities.
  • Emphasize building on strengths, not only on weaknesses. It makes the experience positive, ensuring leaders identify their greatest skills.  This includes the need to provide insights on how build strengths.
  • Focus written comments on fixing fatal flaws, not minor improvements. Asking « Is there anything this person does that might be considered a significant weakness or fatal flaw? » instead of describing areas for improvement gives a straightforward output and not a long vague list of suggestions.
  • Make it an efficient process, i.e. make the survey short, especially when respondents have to supply feedback for many people.

That being said, let’s keep in mind that 360-degree assessments are 100%… subjective per se. The way people evaluate a colleague is implicitely a way to say how they perform or an expression of their own competences. The scores they give reflect their perception, they are not an evaluation made by a sample of experts or by a representative sample of the population. Somehow, I consider a 360-degree evaluation as both a portrait (of the leader) and a self-portrait (of the organisation).

In this context, the coaching which should necessarily be included in the process will link measurement and emotions.  Considering scores, statements and reactions from both assessed and assessing parties, it will be used as a springboard to proceed to a honest self-reflection, whatever the scores observed in the assessment could be, whatever the discrepancy between what people think about themselves and what others do.

Sources: ccl.org, HBR.org, zengerfolkman.com

 

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