« What does a mirror look at? »
« Que regarde un miroir? »
― Frank Herbert
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Un concept universel
Intuition, sixième sens, fingerspitzengefühl ou encore intelligence intuitive, peu importe les termes utilisés, cette boussole interne que l’on étudie aujourd’hui sous l’angle des neurosciences est sans doute notre meilleur allié. De même, le coaching est l’occasion de développer ce mode de connaissance.
Définie comme étant la capacité « à percevoir des éléments contextuels et à les agencer de manière adaptative pour trouver une solution nouvelle dans un programme préétabli ou dans une situation répétitive » [Roland Jouvent, professeur de psychiatrie et directeur du centre Émotion du CNRS à la Salpêtrière, à Paris et auteur du Cerveau magicien (Ed. Odile Jacob 2002)], la reconnaissance de l’intuition est le fruit logique de la longue évolution entamée par les courants littéraires, psychologiques, psychanalytiques et philosophiques au cours des siècles passés. Ceux-ci nous sont plus ou moins familiers, nul besoin de développer les différentes théories – parfois contradictoires – illustrant l’évolution du dialogue intérieur et son étude. Cela dit, tout comme la lecture répétée d’un texte que l’on a rédigé soi-même nous empêche d’y trouver des erreurs, il se fait que souvent une absolue évidence s’impose à nous au point que l’on oublie de s’interroger quant à ses origines premières.
Quand tout remonte à l’Antiquité…
Il faut savoir que ce dialogue intérieur, cette capacité que l’homme a à s’interroger, le fondement-même de la psychologie, remonte à bien avant Freud, avant les romantiques, avant les premiers courants humanistes. Dans un brillant ouvrage* examinant l’héritage littéraire reçu de la Grèce antique, Jacqueline de Romilly revisite historiens, tragédiens et philosophes pour illustrer une évolution lente et capricieuse et, surtout, pour pointer l’auteur, l’ouvrage, le passage, les mots qui semblent être le premier témoignage écrit d’une tension consciente entre raison et passion, vue de l’intérieur, sans intervention divine : « Patience mon cœur !»**, tels sont les mots selon l’Odyssée d’Homère que se dit Ulysse en son palais au retour d’un périple de dix années, tempérant son désir de vengeance. Si nous sommes là très loin du concept d’intuition, nous sommes néanmoins en présence du premier témoignage d’un homme face à lui-même et l’exprimant comme tel. C’est ici l’aventure intérieure, le conflit entre la passion et le moi, la distanciation par rapport à l’émotion préalable à l’acte, exprimées noir sur blanc.
Certes, nous ne savons pas si Homère a réellement existé ou s’il est une identité construite mais il n’en demeure pas moins que voici plus de deux mille cinq cents ans, un poète initia ce qui est peut-être la plus belle aventure de l’humanité.
* DE ROMILLY, Jacqueline. « Patience, mon cœur » : l’essor de la psychologie dans la littérature grecque classique, Belles-Lettres, 1984 ; Plon, Agora, 1994
** HOMERE, Odyssée, chant XX, [Texte complet]
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