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Étiquette : protocole

Que faire lorsqu’un choix vous semble impossible ?

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Gérard GAROUSTE – Balaam, 2005 – Huile sur toile, 270 x 320 cm

 

Comme exposé dans un précédent article, décider qui vous voulez être et embrasser ce choix est l’approche la plus seine pour développer le prisme au travers duquel vous observerez les situations conflictuelles et les choix difficiles auxquels vous ferez face. Ce processus est complexe, requiert temps et volonté mais une fois ancré en vous, il fera partie intégrante de votre ADN comportemental. Mais en attendant, que faire lorsqu’un choix vous semble impossible et que comparer Pros and Cons semble inefficace?

Celui qui a le choix a aussi le tourment, disent les Allemands (« Wer hat die Wahl, hat die Qual »). Essayons de les contredire ! Le Power Posing augmente la confiance en soi et la propension au risque. C’est une piste, mais encore?

Des recherches ont montré que le sommeil peut faciliter le processus décisionnel, impactant la façon de saisir et de traiter l’information. Elles ont aussi montré que le sommeil nous ferait davantage regarder le côté positif des choses. Dormir – mieux ou davantage – est donc une piste à explorer sans pour autant apporter la moindre garantie. Et donc?

Dans les cas beaucoup plus fréquents où hésitation et incertitude deviennent avant tout handicapantes, vous retrouvant coincé entre passion et raison, le recours à une approche pragmatique, simple et directe est souhaitable, que ce soit pour vous-même ou, lorsqu’en tant que manager, vous adoptez la posture coach.

Le protocole de décision décrit ci-dessous ne requiert pas beaucoup de temps. Il est logique, cartésien, intègre vos propres valeurs au travers de l’identification de vos désirs et vous aidera à prendre une décision assez rapidement.

Réflexion en cinq étapes focalisée sur l’impact du choix entre deux options (comme par exemple agir/ne pas agir, changer/ne pas changer, choisir l’option A ou l’option B etc.), ce protocole fait écho au concept de P&L (profit and loss) si cher aux entreprises mais aussi à Jean-Paul Sartre lorsqu’il écrit que “Choix et conscience sont une seule et même chose.”

Commencez par choisir une des deux options, celle éventuellement pour laquelle vous avez une légère préférence. Ensuite, répondez à ces questions:

1+ Qu’est-ce que vous gagnez (ou pourriez gagner) si vous choisissez cette option ?

2 Qu’est-ce que vous perdez (ou risquez de perdre) si vous choisissez cette option ?

3 Qu’est-ce que vous perdez en choisissant l’option alternative ?

Une fois que vous avez répondu à ces trois questions, liez vos réponses à vos valeurs en vous demandant « en quoi c’est important pour vous, maintenant, de… ».

Le bilan affectif lié à chaque option étant dressé, ce sont les compensations palliant aux risques possibles qui vous permettront de trouver la solution la plus écologique pour vous:

4+ Comment compenser ce que vous perdez si vous choisissez cette option et si vous choisissez l’autre option ?

5   Lequel des deux scénarios de compensation vous semble le plus pertinent ? Peut-être une nouvelle option émerge-t-elle ?

Graphe-Protocole-Decision

Prenons un exemple: recruter ou non un nouveau collaborateur?

1+ Qu’est-ce que je gagnerais en recrutant un collaborateur?
Davantage de flexibilité, pouvoir répondre plus vite aux clients, pouvoir accepter de nouveaux contrats, devoir travailler moins tard le soir, accroître mon importance au sein de la société, donner des responsabilités managériales à un ancien membre de mon équipe etc.
Valeurs : service, efficacité, image, équilibre vie privée-vie professionnelle, ambition, carrière, leadership, développement de mon équipe.

2- Qu’est-ce que je risque de perdre si je recrute un collaborateur?
Perte de cohésion dans l’équipe dans un premier temps, une moins bonne ambiance que celle d’aujourd’hui, consacrer du temps au processus de recrutement, devoir négocier un budget avec mon N+1, justifier mon dossier auprès des RH, risquer de perdre ma crédibilité, consacrer du temps à la formation du nouveau venu etc.
Valeurs : team spirit, équilibre vie privée-vie professionnelle, image.

3– Qu’est-ce que je pourrais perdre si je ne recrute personne ?
Risque de burn-out au sein de l’équipe, clients insatisfaits, perte de clients, critique du management, fusion avec un autre département voire mon propre licenciement etc.
Valeurs : efficacité, service, équilibre vie privée-vie professionnelle, team spirit, carrière, sécurité.

4+ Comment compenser ce que je perdrais si je recrute quelqu’un (1) et si je ne recrute personne (2) ?
(1) Déléguer le recrutement, inclure mon équipe dans le processus de recrutement et la formation du nouveau venu, préparer un business-case.
(2) Chercher une autre fonction au sein de la même société, changer d’entrepriseGraphe-Protocole-de-decision-expl

5   Lequel des deux scénarios de compensation me semble le plus pertinent ?
A vous de répondre !

 

Source : Franklinpapers.org, HBR.org, Alain Cardon

 

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Dessinez un arbre… sauf un sapin

« S’il-te-plaît… dessine-moi un mouton. »  Cette célèbre phrase de Saint-Exupéry dans son livre Le Petit Prince illustre avec brio les concepts de représentation, d’imaginaire et de différenciation perceptuelle mais ce n’est pas là que nous irons avec le test de l’arbre et son application appliquée au coaching.

Un bref retour aux sources

Le test de l’arbre tel que conçu par le psychologue suisse Charles Koch en 1952 est un test projectif applicable tant aux enfants qu’aux adultes qui consiste à observer l’expression des traits de personnalité d’un individu à travers son dessin.  Chaque élément de l’arbre (feuillage, tronc, racine) aurait une signification et son expression graphique exprimerait les échanges du sujet avec son milieu, d’éventuels traumatismes ou encore sa sensibilité. La consigne initiale de Koch était simple : « Dessinez un arbre, n’importe lequel, comme vous voulez, mais pas un sapin. », l’exclusion du sapin étant due aux pointes qu’il comporte et à l’expression particulièrement stéréotypée de cette variété dans notre culture.  Plus tard, la consigne devint « Voulez-vous dessiner un arbre fruitier, aussi bien que vous pouvez ».

La variante développée par Renée Stora requiert quant à elle le dessin de quatre arbres.  Après le dessin d’un premier arbre – correspondant à une contrainte nouvelle dans un cadre nouveau, tel le cadre scolaire ou professionnel – vient celui d’un autre arbre, obligatoirement différent, correspondant lui à une contrainte connue mais requérant obéissance ou adaptation et induisant relâchement, tel le cadre familial.  Vient ensuite le dessin d’un arbre de rêve ou arbre imaginaire symbolisant les projets ou les attentes et, enfin, le dessin d’un quatrième arbre en ayant les yeux fermés, indiquant le poids du vécu dans la période de l’enfance et qui exerce encore une influence sur le comportement actuel.

Dans tous les cas, l’analyse du ou des dessins, complétée par l’entretien avec celui qui les a exécutés, se base sur des données statistiques, graphologiques ainsi que sur la symbolique spatiale.

L’adaptation au coaching

Le dessin d’un arbre tel que je le conçois ici dans le cadre du coaching est bien différent car le coaché est un client, pas un patient.  Le dessin d’un arbre est donc bel et bien un outil et pas un test. Il est là pour récolter des informations qui serviront de base à une discussion, pas pour diagnostiquer.

Tout dessin introduit une dynamique nouvelle dans le dialogue. Il fait passer à l’action, permettant d’arrêter d’intellectualiser, de ne pas chercher sans fin les termes qui exprimeront un ressenti confus.  Il ouvre plus facilement la porte à l’imaginaire. Il dit ce que les mots ne disent pas. Il laisse davantage de place à l’enfant. Quant à l’arbre, de par sa verticalité, de par le lien qu’il établit entre le ciel et la terre, entre le visible et l’invisible, il est l’archétype universel, symbole de vie, de longévité, de croissance. C’est aussi la plus haute construction biologique.  Pour Jung, l’arbre est un moyen pour tous de pouvoir exprimer l’inexprimable.  Ainsi, le dessin de façon générale mais surtout le dessin d’un arbre est une véritable mine d’or à ciel ouvert que coach et coaché exploitent ensemble.

Dans quelles situations le dessin de l’arbre est-il approprié ? En fait, elles sont nombreuses et variées. Proposer de dessiner un arbre, c’est donner la possibilité d’exprimer la relation avec le corps, son équilibre, sa force, ses éventuelles faiblesses, son état de santé (Figure 1).  

Fig. 1 – Représentation de l’état de santé

Suggérer de dessiner avec des crayons de couleurs un arbre puis le plus bel arbre possible, c’est laisser exprimer les rêves. Pour le coaché, dessiner un projet professionnel sous forme d’arbre (Figure 2) c’est exprimer les ramifications et l’organisation de sa carrière, l’importance accordée à chaque possibilité. Dessiner son entreprise sous forme d’arbre, et pourquoi pas y ajouter la cabane dans laquelle on aimerait vivre, ou la branche sur laquelle on aimerait s’asseoir, pourra faire sortir de l’ombre un éventuel mal-être et comprendre ses propres ambitions.  A l’extrême, dessiner une forêt permet d’évoquer métaphoriquement l’environnement social, à savoir la famille, les amis, les collègues et la place occupée parmi eux.

Fig. 2 – Représentation d’un projet professionnel

L’on peut également jouer avec la dimension temporelle. Proposer au coaché de dessiner un premier arbre figurant son état actuel, puis de faire un second dessin où l’arbre serait tel qu’il voudrait être dans cinq ou dix années, c’est ainsi donner au coaché une occasion de visualiser et de matérialiser son propre objectif, au moins de façon symbolique.  Suggérer de faire en début de programme de coaching son autoportrait sous forme d’arbre et de refaire le même exercice quelques semaines ou mois après, c’est alors rendre autrement perceptible un changement, une croissance, un équilibre ou un bien-être acquis.  L’arbre devient alors un indicateur de l’impact du coaching.

En conclusion

Sans protocole strict, en pleine authenticité et simplicité, les applications du dessin en général et du dessin de l’arbre en particulier sont donc infinies, les seules limites étant – peut-être – l’intuition ou l’imagination du coach et la spontanéité du coaché.  L’opportunité de dialoguer que cet exercice donne à l’un et à l’autre  renforce aussi l’une des finalités du coaching: la co-construction.

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