Peut-être. Alors profitons-en pour présenter un livre-référence facile d’approche et pertinent.
L’ouvrage écrit par Suzanne Peters et le Dr. Patrick Mesters présente de façon très accessible les éléments clés permettant de comprendre les mécanismes de l’épuisement professionnel plus communément appelé burn out : symptômes, étiologie, professions plus particulièrement à risques et, bien entendu, qui consulter, comment réagir et comment prévenir.
C’est dans ce contexte que les auteurs présentent la différence mais aussi la complémentarité existant entre psychothérapie et coaching :
« Le coach accompagne la mise en place des stratégies d’urgence pour faire face à la crise et se remettre en place avec les exigences du milieu professionnel. (…) Le coaching prend place dans un contexte où le client consulte pour un problème précis, dans un contexte identifié et des circonstances définies, avec des objectifs relativement clairs. (…) C’est alors que le travail du psychothérapeute et celui du coach deviennent complémentaires. Le premier peut adresser son client confronté au burn out au coach lorsque, en cours de psychothérapie, les problèmes abordés dépassent le contexte de la vie psychique intime et exigent un repositionnement professionnel. A l’inverse, il serait pertinent qu’un coach adresse son client à un psychothérapeute lorsqu’il détecte que la problématique professionnelle renvoie à des conflits ou traumatismes psychologiques intimes liés à l’histoire affective du client. »
Nous voyons-là que la question n’est pas de faire un choix entre coaching et psychothérapie mais de voir quelle démarche se révèle nécessaire en fonction de l’histoire et de l’objectif de celui ou celle qui sera – tour à tour ou parallèlement – client ou patient.
Peters, S et Dr. Mesters, P, Vaincre l’épuisement professionnel. Toutes les clés pour comprendre le burn out, Robert Laffont, 2007, p. 183-184
“Les illettrés du XXIème siècle ne seront pas ceux qui ne savent pas lire et écrire mais ceux qui ne savent pas apprendre, désapprendre et réapprendre.”
“The illiterate of the 21st century will not be those who cannot read and write, but those who cannot learn, unlearn, and relearn.”
Quand Arcimboldo peint en 1566 ses allégories des quatre éléments et celle de la terre en particulier, entremêlant des dizaines de corps d’animaux ou d’objets pour composer des visages de profil, peut-être voulut-il nous dire – au-delà du plaisir surréaliste qu’il nous donnait – que l’identification de nos forces, leur alchimie particulière et leur savante imbrication révèlent ce en quoi nous sommes des êtres uniques. Et que c’est sur cette unicité faite de diversité qu’il nous faut jouer avec, certes, la passion en filigrane.
Passion sans raison…
Martha Graham dit un jour « Great dancers are not great because of their technique, they are great because of their passion ». J’en suis profondément convaincu. La passion permet de se transcender, de se dépasser, d’aller au-delà de ses propres limites. La passion est l’ultime ingrédient, celui sur lequel nous n’avons aucun contrôle et qui, pourtant, nous insuffle une énergie incommensurable et nécessaire. Justement dosée, c’est un combustible inépuisable, durable, écologique et équitable. La passion permet de vivre plutôt que de survivre. Intégrée à l’activité professionnelle, elle résout le conflictuel souci d’équilibre avec la vie privée par la dynamique d’une intégration harmonieuse.
Et pourtant, force nous est de constater que la passion seule ne suffit pas. Le rêve peut se révéler un Graal inaccessible. La volonté de se dépasser, de vivre sa passion au point de rejeter toute activité ne lui étant pas associée de près ou de loin peut engendrer une utopie, a fortiori dans un monde où la concurrence prend le pas sur la bienveillance. Et lorsque certains prônent le fait que travail, énergie et assiduité mènent à tout, j’ajouterai que le risque qu’ils mènent aussi à la déception est grand s’ils ne s’accompagnent pas de lucidité, d’honnêteté et d’un tant soit peu d’à propos. Pour reprendre les propos de Martha Graham, si c’est la passion qui fait un grand danseur, celui-ci ne peut faire fi de la technique, certes fruit du travail mais aussi du talent.
De fait, quelle que soit la passion, qu’elle remonte à l’enfance où soit révélée de façon fortuite à l’âge adulte, c’est en la faisant reposer sur nos forces propres qu’il devient alors véritablement possible de se dépasser et donc de grandir. Ces forces qui constituent notre identité, qui sont part intégrante de notre essence et qui entre deux individus peuvent faire la différence.
Comment découvrir ses forces ?
Une étude de Strategy&from menée en 2013 auprès de plusieurs centaines de cadres de divers secteurs d’activité a montré que les entreprises trouvent plus difficiles de définir leurs forces que de comprendre leurs clients. Alors, comment en tant qu’individus pouvons-nous identifier nos propres forces ou comment le coach peut-il aider son client à identifier celles-ci? Comment trouver ce qui permettra d’incorporer la passion dans l’expression de son propre leadership? Comment veiller à ce que la passion puisse être intégrée de façon réaliste et efficace dans le développement? Plus simplement, quels sont les outils à disposition?
En fait, il n’y a pas d’outil parfait ou de recette miracle et nous avons même l’embarras du choix. En effet, plusieurs approches sont possibles et celles-ci peuvent être combinées dans une démarche triangulaire, faisant écho à l’antique maxime « Connais-toi toi-même« .
L’approche-miroir Simple application du principe d’introspection, elle requiert honnêteté, réflexion, courage aussi et surtout l’intention de ne pas se laisser dompter par son ego. Analyse des succès passés comme des échecs et de la façon dont ceux-ci ont été surmontés, écho de notre vie passée, elle prend du temps pour distinguer ce que nous savons de ce que nous voulons croire, pour accepter ce que notre voix intérieure nous dit, peut-être en dissonance avec ce que nous voulons entendre. Faite seule ou accompagnée, extrêmement enrichissante, elle peut être l’amorce d’une belle exploration mais présente aussi la difficulté de nous rendre juge et partie car nous savons trop bien que nous resterons sourds à ce que nous ne voulons pas entendre si c’est nous-mêmes qui tenons le discours. L’introspection est un jeu enrichissant si nous en respectons les règles, règles que nul autre que nous ne pourra définir.
Le feed-back, formel ou non Dans une optique diamétralement opposée, nous pouvons chercher nos forces au travers de ce qu’en perçoivent les autres. Là, nous trouvons l’arsenal habituellement utilisé en milieu professionnel: des évaluations annuelles aux réunions moins formelles, en passant par les mid-year reviews. Plus structurés nous avons également les 360° formalisés par les entreprises (ou informels à mener soi-même) et qui donnent une vue d’ensemble plus complète puisque – comme leur nom l’indique – ce type de feedback renvoie une image d’une subjectivité excentrée, circulaire (N+1, pairs, subordonnés, proches) et forcément différente de ce que l’individu aura de lui-même. La subjectivité-même de ce type d’approche représente son intérêt – que les feed-back soient formulés dans un registre professionnel ou privé – mais reflète en même temps sa faiblesse intrinsèque car les forces mises en évidence seront cette fois le miroir des faiblesses des autres. De plus, même si le feed-back repose nécessairement sur un climat de confiance, il ne garantit en rien l’exhaustivité du bilan, aussi instructif puisse-t-il être.
Les tests Le test (du latin testis, témoin) est un instrument, un outil calibré, validé, permettant de dresser un bilan sur une question donnée. Plusieurs tests ont été développés pour déterminer les forces d’un individu et certains de ces tests sont entrés dans le domaine public et sont libres d’accès, comme le VIA Survey of Character Strengths développé par l’Université de Pennsylvanie ou celui développé par l’Université de Kent. L’un comprend 240 questions dans sa version exhaustive et l’autre seulement 52 mais tous deux sont dans la mouvance de la psychologie positive qui prône que nous avons tous des forces avec lesquelles nous sommes nés mais que peu d’entre nous savent lesquelles. L’avantage du test c’est qu’il peut – comme le feed-back – renvoyer un écho auquel on ne s’attend pas.
En conclusion
Passion sans raison et raison sans passion sont deux écueils à éviter. Si l’une permet de s’accomplir, l’autre ancre dans la réalité, toutes deux se nourrissant mutuellement. Toutes deux peuvent être (re-)découvertes, explorées, revisitées au travers de techniques variées. C’est particulièrement vrai pour nos forces, échappant souvent à notre conscience de par ce que nous prenons pour de la banalité, négligeant par la même occasion ce qui devrait s’imposer à nous comme une évidence.
Aussi, gardons à l’esprit que nous sommes des voyageurs: le coaching est la boussole, la passion indique la direction, la raison montre le chemin.
“S’il est exact que la logique est la base-même du raisonnement de tout créateur, je crois qu’il ne devrait pas être permis d’interférer avec son rêve de « charme », cette entité délicate et superflue qui souvent s’ajoute à la dure nécessité.”
“If it is correct that logic is the basis of the creator’s slightest reasoning, I believe it must not be allowed to interfere with one’s dream’s of ‘charm,’ that delicate, superfluous entity that often adds to harsh necessity.”
Les gens sous-estiment systématiquement le nombre d’idées créatives qu’ils peuvent générer, comme ont pu le démontrer Brian J. Lucas (the Booth School of Business) et Loran Nordgren (the Kellogg School of Management).
Dans une de leurs études, vingt-quatre étudiants avaient dix minutes pour songer aux plats à servir lors de Thanksgiving. Ensuite, ces étudiants devaient prédire le nombre de nouvelles idées qu’ils pourraient générer s’ils continuaient à chercher durant dix minutes de plus. Il leur était alors demandé de générer de nouvelles idées durant dix autres minutes. En moyenne, les étudiants prévoyaient qu’ils pouvaient générer environ dix nouvelles idées en continuant l’exercice alors qu’en fait ils étaient capables d’en produire environ quinze.
Plusieurs études complémentaires ont produit les mêmes résultats. Les chercheurs ont aussi découvert que les idées produites dans la continuation de l’exercice étaient généralement considérées comme étant plus créatives que les idées initiales. Les auteurs concluent que nous sous-estimons les bénéfices de la persévérance parce que les challenges de type créatif nous paraissent particulièrement difficiles.
Retenons donc que persévérer n’est pas toujours – ou seulement – un comportement-réponse inconscient à un adulte référent et à son message « Fais des efforts » mais aussi un outil que nous pouvons nous approprier pour atteindre nos propres objectifs.
People consistently underestimate the number of creative ideas they can come up with, found Brian J. Lucas of the Booth School of Business and Loran Nordgren of the Kellogg School of Management.
In a study they conducted, 24 students were given 10 minutes to think of dishes to serve at Thanksgiving. Next, the students had to predict how many more ideas they could generate if they kept going for 10 more minutes. Then they were asked to try to generate ideas for another 10 minutes. On average, they predicted they could generate around 10 new ideas if they persisted — but they were actually able to come up with around 15.
Several similar follow-up studies produced the same result. The researchers also found that the ideas generated while persisting were, on average, rated more creative than those generated initially. The authors say that we underestimate the benefits of persistence because creative challenges feel difficult.
Hence let’s keep in mind that persevering is not always – or only – an unconscious behaviour-answer to an adult serving as a reference and his ‘Try hard’ injunction. It is also a tool which we can appropriate to reach our own objectives.